CROIRE QUE LES CHOSES SE PRODUISENT TROP LENTEMENT OU TROP VITE EST ILLUSOIRE. LE SYNCHRONISME EST PARFAIT. CHAQUE CHOSE ARRIVE TOUJOURS EN SON TEMPS... RIEN NE NOUS ARRIVE QUI N'AIT D'ABORD ÉTÉ SENTI ET PENSÉ. POUR CRÉER LE FUTUR, IL FAUT Y CROIRE SANS RÉSERVE.


Auteur inconnu

mercredi 17 octobre 2018

Un grand voyage


Ce texte, écrit de ma main ne vient pas de moi. J'ai simplement été au service d'une force qui l'a fait à ma place. Cette expérience a eu lieu il y a 11 ans. Au beau milieu de la nuit, je me suis réveillée, éblouie. Je savais que j'avais eu le privilège de recevoir l'expérience d'une connaissance riche, profonde. Je pris un crayon, des feuilles et me laissa diriger, restant dans la pénombre, les yeux fermés, ma main griffonnant mécaniquement, comme dans un diagramme, de haut en bas. J'ai décidé de partager avec vous puisque le message porte en lui-même la certitude de la continuité de la vie.

UN GRAND VOYAGE


L'eau va monter, le tapis en est tout imprégné. Il faut que je sois avec ceux que j'aime. Je dois monter plus haut, chercher les autres...

Maman, Fafouin, toi, moi, sommes dans l'eau. Maman disparaît la première, ensuite toi...Tunnel, tempête, nous descendons au fond et sommes très très nombreux. Le voyage est long et creux... Et voilà que nous touchons le fond de l'océan.


L'eau pénètre... Sommes aspirés vers le centre... Çà ne finit plus, il n'y a plus de centre. Se créent plusieurs passages, d'autres univers. La présence de Fafouin est toujours là, je ne le vois pas mais le cherche sans cesse... Nous nous perdons...

D'autres êtres se lient à nous et nous nous transformons physiquement en conservant notre propre âme. C'est incroyable, nous demeurons nous-même.

Où est Fafouin? Je continue à le chercher, mon unique préoccupation... Je le retrouve, il se transforme constamment lui aussi mais je le reconnais toujours. Un ciel chaste et pénétrant dans cette nuit étoilée. Il est là au loin sur un grand voilier, les cheveux au vent:






- Tu ne m'aimeras pas maman, je ne suis plus le même.

Et de lui répondre:

- Je vais t'aimer toujours...

Je le crie dans l'univers, très fort mais si fort... Alors ma voix, se projetant partout à la fois engendre la continuité de la transformation éternelle et grâce à ce crie d'amour je reçois la connaissance, la mort ne m'atteindra jamais.... jamais... L'univers est de plus en plus petit et de plus en plus grand à la fois. Liberté et vent m'accompagnent. La présence de l'amour est immense.

Je vous le dis, il n'y a que çà qui compte.

Le monde matériel n'a désormais plus aucun sens. Tout est tellement loin maintenant et cela ne peut se compter en années ni même se décrire en mots. Même la souffrance, la douleur engendrée par la perte de ceux qu'on aime n'existe plus car la peine n'est pas.

Toi mon amour, tu choisis de dormir et d' être réveillé par la science. Et tu dors déjà. Il est impossible pour moi de te réveiller car c'est ton choix et la liberté de choisir est le plus grand des pouvoirs. Tu es aussi ailleurs en même temps, te transformes et te mélanges avec d'autres....

mercredi 13 juin 2018

Se faire violence

Se faire violence à soi-même,
Insidieuse, 
Déroutante  et cruelle,
La pire violence qui soit. 

Conserver au dedans de soi
Sa colère et sa rage,
Son amertume, 
Et, à la fois
Contenir de force
L'immense amour,
Des sentiments les plus doux 
De son coeur, 
Son souffle de vie 
Ses pulsions intérieures, 
Sans rien n'y faire paraître 
Au dehors

C'est comme
Se clouer les pieds au sol
À grands coups de pic 
Et faire du sur-place perpétuel 
En hurlant de douleur, 
De l'intérieur...

mercredi 14 février 2018

Petit essai sur l'isolement

Tomber, de très haut,
Une chute des plus brutales,
Le corps recouvert de bleus
Avec quelques plais invisibles
Qui se cicatriseront
En leur  temps.

Ne pas forcer,
Surtout, ne pas lutter.
La nature est bonne
Et s'occupe de tout.
Se relever, rebondir,
Avec plus de coeur au ventre,
De force et d'humilité.

Se questionner sur soi. Trop.
Puis en avoir raz-le-pompom de le faire. 

Ne me touchez pas
Vous ne me sentirez pas
Ne sonnez pas à ma porte
Je ne vous répondrai pas
Ne me contactez pas
Je n'y serai pas
Ne me parlez pas
Je serai de silence
Ne me regardez pas
Vous ne verrez
Que du vent

Marcher péniblement
Fers aux pieds
Avoir si froid
Tellement froid
Jusque dans le fond
De l'âme
Chercher de nouveau
Le sommet de son être
Péniblement
En efforts soutenus
Parce qu'elle ne peut plus
Supporter ce froid
Celui dans lequel
Elle se sent
Immensément  seule
Et inerte

Retrouver son moi
Son meilleur ami
Se blottir...
Son piqué de coton
Lui servira de pont
Entre le froid
Et la chaleur,
Entre l'enfer
Et le paradis,
Entre les ténèbres
Et la lumière


Quelle chaleur
Elle s'y engloutit
Tout doit être
De nouveau à l'abri 
De ce froid insoutenable


P.S. Ne vous en faites pas chers lecteurs, je vais très bien! 




mercredi 16 août 2017

La perche et le complice

Cette nuit-là
La belle limpide
Entreprit de lui offrir
En son corps
Ses plus beaux atouts.
Et, d'une volupté sans pudeur
Exibat fièrement ses rondeurs
Lui tendant insolament
Et copieusement
Sa longue perche
Fluide et ardante

Et elle, tout en bas
N'avait d'yeux
Que pour l'accueil d'amour
Qu'elle lui offrait
Avec tant de gratitude.

Observant le filet blanc
Descendre lentement
Elle lui offrit
Ses mains tendues.
Et, les deux rondeurs
Y mêlèrent
Douce semence féminine.

Lui, observait derrière
Le charme fou
Du spectacle
Des deux amantes.
Le mariage lui plut tant
Qu'il ne put que s'y inviter
À son tour, en douce,
Se mêlant à la fête d'amour.

Elle, en bas
Jouissait d'un plein
De bonheur,
Rondeurs blanches
Coulant en ses veines

N'était-elle pas
Gouteuse à souhait
Posée là,
Immobile et assouvie,
Remplie
Des eaux éclairées
De la nuit du fleuve?

Il vint derrière elle,
Froisser légèrement
Et candidement sa robe,
S'y  frottat,
Pour ensuite
Soulever tendrement
Le morceau de linge,
D'une telle habileté
Et pureté
Que nul corps féminin
En son coeur
N'aurait pu s'y défendre.

Le soupir de la douce
N'en fut pas moins long.
Elle se disposa au sol
Puis,
D'un geste subtile,
Releva
D'un tout petit cran
Le ourlet
De sa jupe agacée,
Laissant à son hôte délicat
Le soin d'y trouver refuge.

Elle le sentit la frôler
D'un petit doux poignant
Et intenable,
Jusque dans l'entre-cuisse.

Elle vit de son bonheur immédiat,
De cette lune et du vent...

Les Éboulements, août 2017

mercredi 9 août 2017

Péter sa coche...

Aujourd'hui, je suis avec maman dans sa chambre. Nous sommes dans une maison de soins palliatifs...

Maman veut aller faire ses besoins et se dirige péniblement vers la salle de bain avec sa marchette.

-Mais maman, il faut utiliser ton siège d'aisance!

- Non, pas lorsque je vais à la selle.

-Bon, très bien. Dis-moi si tu as besoin de moi. Je ne quitte pas la chambre.

Pendant ce temps, ni vu ni connu, j'en profite pour faire le ménage dans son tiroir où elle accumule, pêle-mêle, les menus du jour sur papier, les petits contenants de confiture, les sachets de sucres et j'en passe. Je n'entends rien dans la salle de bain.

- Maman, ça va?

-Ah, c'est difficile...

J'entre. Elle est accroupie et essaie de monter sa culotte en papier.

- Mais maman, il faut l'enlever, tu ne peux pas la remettre voyons, elle est souillée!

-Mais non, c'est correct.

Je la sens devenir faible, simplement à l'idée de devoir se changer.

-Je vais t'aider, ça va aller.

J'entreprends le grand nettoyage, avec amour, patience et respect. Bon sens que c'est pas facile. Je me mets dans sa peau. Elle est incapable de se lever seule, ces jambes sont trop faibles. Je compte jusqu'à 3 et hop, l'aide à se relever.

Puis, je la couche et m'étends auprès d'elle. Elle s'endort avec ma petite chienne sur ses genoux.

_____

Quelques heures plus tard, elle se réveille et veut retourner à la salle de bain...

-Maman, non, il faut utiliser ton siège d'aisance, c'est difficile à la salle de bain. Tes jambes sont trop faibles. J'ai sorti tout le matériel et rapproché la chaise pour toi.

Visiblement ça ne fait pas son affaire mais elle accepte. Sa culotte est mal baissée. Elle risque de la mouiller avec ses urines. Je l'aide une autre fois. Sa culotte est déjà souillée mais elle veut la remonter. Je recommence l'exercice...

_______

De retour au lit, après l'avoir bordée, j'étais assise sur la berceuse, tout près d'elle. Claire, l'infirmière entre.

-Comment ça va?

-Je trouve que ça ne va pas du tout. Maman ne peut plus aller à la salle de bain. Ses jambes sont trop faibles. Elle n'est plus capable de se relever. Y a-t-il moyen de barrer l'accès?

-Non, par mesure de sécurité, ça nous prend un 2e accès.

-Je comprends. Alors, y a-t-il moyen de laisser sa porte ouverte au moins?

-Non. Votre mère tient à ce que sa porte soit fermée.

-Mais elle ne sonne jamais pour demander de l'aide!!!

Bon. Je me tourne vers maman:

-Maman, est-ce que tu accepterais de laisser ta porte ouverte pour ta propre sécurité?

-Jamais de la vie, je veux que ma porte reste fermée.

Là, j'aurais étranglé et l'infirmière et ma mère....

-C'est son choix. Ici, nous sommes dans une maison de soins palliatifs et ce qui compte, c'est le  respect du patient. Et qu'arriverait-il si votre mère restait assise sur le bol de toilette et qu'elle ne sonnait pas?

-Et bien, au bout d'heure, à force de prendre toutes ses énergies pour essayer, elle se résignerait à peser sur le bouton.

-C'est ça.

...

Il n'y a qu'un seul hic là-dedans , c'est que ma mère est en perte d'autonomie,  son cancer l'affaibli, elle est en fin de vie., qu'elle n'a pas le raisonnement nécessaire pour prendre les meilleures décisions pour elle. De plus, c'est une adulte qui a du vécu et non un enfant à éduquer. Wake up merde!!!!

Le ventre commençait à me chauffer. Et, une petite voix à l'intérieur  de moi me disait: ferme ta gueule! Parce que là, j'aurais eu envie de lui dire que son raisonnement était tout à fait insensé, que l'important c'était justement la sécurité et le bien-être des patients, que j'avais déjà porté plainte 2 fois en centre jeunesse à l'endroit de TS de la DPJ et que j'avais gagné ma cause.

Je poursuivis en m'assurant que j'avais le contrôle de mes émotions:

-Je vais vous le dire qu'une seule fois; je ne sais pas comment vous faites pour accepter  ce genre de loi. Personnellement, j'aurais pété ma coche. Je vous lève mon chapeau à vous tous. Écoutez, ça m'inquiète vraiment, je ne la sens pas en sécurité là. Maman perd des forces. Je trouve qu'elle est rendue à une autre étape.

- C'est votre insécurité à vous, pas la sienne.

Ayoye, ça se gâche vraiment là...

Puis là ça sort;

- Dans les années 40 et 50, on pouvait faire enfermer n'importe qui, simplement pour s'en débarrasser. Puis, il y eut des lois pour interdire ce genre de chose. Maintenant, tout est à l'opposé, pour soi-disant respecter les gens et s'assurer qu'il n'y a pas d'abus. Ça prendrait un équilibre, ne croyez-vous pas? J'ai dû placer mon fils en centre jeunesse dès l'âge de 14 ans et il avait le droit de décider ce qui était bon ou pas bon pour lui, en pleine crise d'adolescence. Vous croyez vraiment que ça a de l'allure vous?

-Vous avez vécu des choses que je n'ai pas vécues.

(Effectivement)

- Est-ce que ça se pourrait que vous viviez un sentiment de culpabilité face à votre mère?

Oh boy, ça se corse, et pas à peu près là. Un gros défi pour moi. Du calme, tout va bien aller...

Puis là, bien la voix intérieure retenti de nouveau encore plus fort en moi: misère, calme-toi et ferme ta gueule!!! Je me suis calmée et fermée ma gueule... J'avais le goût de l'aplatir au sol, la gifler, lui dire que ça faisait 2 ans que j'étais aidante naturelle pour maman et que tout ce que j'avais fait  pour elle était ok,  que j'avais écouté mon coeur, que je n'avais aucun regret malgré la fatigue accumulée, que de plus, j'avais fait d'excellentes thérapies par le passé, que la culpabilité, je savais exactement ce que ça voulait dire, qu'elle était totalement dans le champs. Mais, mais, mais... Je n'ai pas perdu les pédales, me suis calmée, suis restée centrée sur ce que j'avais à dire.

-De la culpabilité? Non, vraiment pas du tout. De l'inquiétude, oui! Je sentais maman en sécurité ici lorsqu'elle est arrivée. Maintenant, je ne la sens plus en sécurité.

Bon. Finalement, on en est arrivée à un consensus, que l'idée du tabs serait une bonne chose mais, les infirmières ne pouvaient rien faire sans le consentement de la famille car le tabs est considéré comme un moyen de contention (!!!).  Placer un appareil sous maman lorsqu'elle dort et qui prévient simplement les infirmières, chaque fois qu'elle se lève, c'est de la contention ça??? Ouf, je rêve je pense...

Mais, peu importe, la solution se trouvait dans une rencontre d'urgence avec TS, médecin et membres de la famille, ce que nous avons convenues et investiguées, ma soeur et moi, pas plus tard qu'hier.

Claire, l'infirmière, je la respecte et l'aime beaucoup. Le seul hic, c'est qu'elle est capable d'accepter des choses que je suis incapable d'accepter.


-

lundi 24 juillet 2017

L'arbre


L'arbre,
Dans son froid
De fin d'hiver,
Me narguait
De son paraître
D'y mourir.
Cela n'était
Que pure illusion.

En son intérieur,
Dans la magie
D'un printemps qui s'affirme
Le miracle s'y invitait

Parfois,
Quelques couches fines de neige
Recouvraient  timidement
Ses branches menues et frêles.
Et aux soirs des tempêtes,
À son semblant de mort
Venait s'y accrocher mon coeur.

Puis, un matin,
Je vis le petit vert tendre
Encore discret,
Recouvrir
Subtilement ses branches.

Comme il me plaisait d'imaginer
La densité de ses feuilles
À pleine maturité.

Et le tout grandissait,
Se rechargeait
S'amplifiait
Par les vents de frais
Mêlé d'une chaleur
D'un amour inconditionnel
Nommé soleil.

Si bien que déjà
Il commençait à me partager
Dans sa générosité sans limite
Son intimité.
Et cela n'aurait
Jamais de fin.

Un jour,
Il se mit à devenir
Tellement chevelu et dense
Qu'on n'y voyait plus au travers.

Une nuit,
Sans me le dire,
Et, sans doute
Pour  me faire la surprise,
Il se couvrit
De ses plus beaux attraits
En sa couverture de fleurs blanches
Jaillissante de partout,
Y laissant
Ces tonnes d'oiseaux
Pénétrer sa fraîcheur naissante.
 Quel joie pour le coeur.

Dans mon petit bonheur,
Maintes fois
Il m'arrive de m'arrêter là,
Juste là,
Couverte jusqu'au au cou,
Au matin tout doux,
Dieu que c'est bon...
Et simplement
Me payer la douceur
de ces chants sublimes.

La beauté et le bonheur
Logent tout à côté de moi,
Dans un arbre
Que je ne reconnaissais pas,
La veille d'un printemps,
Et qui se laisse à présent
Remplir
De tous les oiseaux du monde.

vendredi 20 janvier 2017

Si un jour...

Si un jour
Le blanc en toi tourne au gris
Puis, du gris au tout noir,
Au point de n'être plus
Qu'un corps 
Qui  peine au respire,
Ne laissant plus 
Aucun souvenir palpable

Alors j'espère 
Qu'il y aura 
Quelqu'une aimante 
Près de toi 
Pour te procurer 
Doux baisers.  
Cellules d'amour
Jamais ne meurent

_______



De ce vertige de l'inconnu
Elle y risqua un jour 
Les mots que murmure le coeur. 
Puis, comprit au regard, 
La défense. 

En son âme d'homme 
Se chargea un mur de brique 
Aux parois noires et craquelées, 
Raides et froides comme la nuit 
Lorsqu'elle fait peur...
Puis, elle entendit: "Défense d'entrer" 

Elle  posa alors le regard 
Sur cet endroit sombre 
Qu'elle n'avait jamais 
Soupçonné d'y être
Et ne reconnaissait pas, 
Puis, recula loin, très loin, 
Afin d'agrandir 
Son regard sur le tout.

Elle y vit un grand coeur tendre,
Séché et craqué de partout 
Empêchant l'éclat d'amour 
Dont il était si tant rempli.


lundi 10 octobre 2016

Changement de cap


Se priver de douceur
Et de la  tendresse
La plus sincère 
C’est comme
Administrer une gifle
Au visage de la vie
Qui, elle,
Est toujours 
Infiniment bonne
Pour nous.

Eh, toi,
Vent d’amour,
Écoute…

Elle n’a nul besoin
De s'assurer 
Qu’elle peut posséder. 
Où reposent-ils
Ces temps anciens,
Si lointains,
Où l'envie de charmer
À tout prix
S'exposait en première?

Simplement être,
Ah là, c'est bon,
La vie,
La pulsion de vie
Au naturel

Femme-fille
Et femme-enfant
Se confondent,
Ne formant
Qu'une seule
Et même femme.
Cheveux poivre et sel
Allez,
Vaguez au vent


Goûter son désir à lui,
Avec ses yeux à elle.
Le respirer,
Au même instant que lui
Ce désir.
Le souffle coupé
Du trop plein,
S'arrêter
Et recommencer...

Humer l'effluve
Si sécurisante
De son cou,
Effleurer avec finesse
Sa tempe,
Du geste lent
Et authentique.
Patiemment,
Elle dérobe le silence
Qui s'invite
En minutes, en heures.

Et là, 
Oh, magie...
L'homme s'endort
Sans résister,
Sur sa poitrine.
Et ses yeux de femme
Savourent encore
La beauté du tout,
Émue.
Le voici, l'abandon...


Elle t'offrira
Un tout autre langage,
Bien au delà 
De la sexualité
À l'état brute,
Plaisir des sens,
Tendre, tendre le désir.

Parce que la sexualité
Devient l'unique canal
Servant de pont
À la jonction 
Des âmes.
Il n'y a que ça...

Elle te parle
Comme elle le sent.
Changement de cap,
Elle est ailleurs…

Pénétrer d'amour 
La jambe,
Par une caresse 
Des plus divines

Elle te raconte
De sa main chaude,
Serrant autrement
L’entre-cuisse,
Celle qui 
Murmure à l’oreille:

J'y suis cher
Oui, j’y suis,
T'écoute, te respecte
Et te serre en mon coeur

Ma main t'aime,
Totalement.
Prends, prends,
Cher amour...
Ouvre ta bouche
Et accueille 
Le vent de silence
Avant de t'y fondre

jeudi 8 septembre 2016

Le retour du vent

Celui qui se heurte
Contre lui-même
Quelque part,
S'observant là,
Flotter à la dérive,
Meurt à petit feu
Emportant avec lui
Son désir d'amour
Totalement inassouvi

Où se cache-t-il,
L'homme,
Qu'elle puisse
Le humer à souhait
Et se remplir
Démesurément
De son odeur

Qu'il lisse ses hanches
Tendrement
Ou s'y agrippe
Férocement
Qu'il puisse,
Tout, tout...

Contempler
De nouveau
L'homme mûr,
Si présent...
S'émouvoir
Devant son abandon
Le plus total,
Laissant mourir en elle
Sa source de vie

Elle en jouit
Dans son âme
De l'éclat du spectacle

T'es beau l'homme...

vendredi 15 juillet 2016

Le satellite lunaire

-Eh, Mlle Nanou, je vous ai posé une question!

-Oui oui, quoi???

Et c'est là que je devais obligatoirement sortir de ma bulle. Au début, il m'appelait gentiment par mon prénom mais très vite ce fut : " Eh, le satellite lunaire!" avec un beau sourire en coin, sans malice. Je l'aimais beaucoup ce prof-là... C'était le premier professeur masculin que j'avais. J'étais en 6e année.

J'ai toujours été dans ma bulle, mais là, je savais qu'il y avait quelqu'un qui m'acceptait comme j'étais. Étrangement, j'entendais tout ce qui se disait, mais c'était comme remisé dans un petit coin, à l'écart. Ma vraie vie, celle qui pétille, celle qui vibre, se passait ailleurs, dans un monde intérieur parallèle à la réalité du moment. Un monde de magie, de voyage imaginaire, de musique, de tout, sauf d'école. Pourtant, j'apprenais très bien. Deux cerveaux, deux vies.

En 1ère année, je me suis vite rendue compte de l'immense injustice des méthodes pédagogiques archaïques du temps. La méchante sorcière, appelée maîtresse, nous classait par ordre de compétence dans nos bulletins; la 1ère de classe dans la première rangée en avant à droite et le dernier dans la rangée de gauche, tout au fond. Je haïssais cette méthode  où on classait les petits enfants comme des pions et fut éprise de justice et de compassion pour ce dernier de classe que la "maîtresse" s'empressa de rabaisser jusqu'à la fin de l'année. Le petit était tellement terrorisé que  ses yeux devenaient  remplis d'eau et  il faisait des bulles avec sa bouche, comme un poisson, au lieu de répondre aux questions. J'avais volontairement décidé de ne parler à personne et de manger ma pomme, seule dans mon coin, à la récréation, et ce, tout au long de l'année, en guise de révolte intérieure. Je n'étais pas malheureuse pour autant. J'avais simplement décidé que je n'embarquais pas dans ce système.

Quand j'entrais pour la première fois dans une nouvelle classe, je me précipitais vers l'arrière, c'était une question de survie et cela n'avait rien à voir avec le traumatisme des classements par bulletins. Idéalement, dernière rangée à gauche, dernier pupitre au fond, près des fenêtres, sinon, dernière rangée à droite, dernier pupitre, près du mur. Je me rappelle de ma 7e année où le professeur avait insisté pour que je sois à l'avant complètement, en espérant que je sois plus attentive. C'était horrible.  Non mais, elle n'avait rien compris elle... Profondément introvertie, fallait que je survive moi-là, j'avais tellement protesté haut et fort pour défendre mon point de vue qu'elle avait abdiqué. J'ai donc pu récupérer le banc de mes amours, dernier rang à gauche,  dernier pupitre devant les fenêtres. Libération...

Être et demeurer un satellite lunaire comporte cependant certains désavantages un peu troublants, et non négligeables, je dois le dire. Comme:

Chercher désespérément son 3e téléphone en vain et le retrouver en fin de soirée, dans le frigo, bien refroidi, au beau milieu du plat à salade.

Ou bien,  il y a 2 semaines...

Mon fils est venu souper  à la maison en compagnie de sa petite amie et en soirée, je suis allée les reconduire tout près de chez moi, chez un copin. Ensuite, il faisait beau et j'ai décidé d'aller prendre un cornet de crème glacée avant de rentrer.

Le lendemain matin, je prends mon déjeuner, fais de la grosse bouffe en chantant et vers 13 hres, décide d'aller faire des emplettes. Jusqu'ici, tout va bien, malgré le fait que tout ce temps, j'étais devant ma fenêtre qui donne sur mon entrée d'auto.

Je sors donc et, oh, pas de voiture... Je me suis fais cambrioler ma voiture! Je sonne chez le voisin pour lui demander s'il n'aurait pas entendu un bruit la nuit passée:

-Je ne comprends pas. Pourtant, ici, c'est toujours super tranquille, il n'y a jamais de vol...

-Moi non plus je ne comprends pas comment quelqu'un pourrait s'intéresser à une vieille Toyota Corolla 2002. Enfin. Je vais demander à mon fils...

Certains lecteurs se rappelleront peut-être que mon fils Fafouin, à l'âge de 14 ans, s'était enfui en pleine nuit avec ma voiture en faisant du 180km / hres sur l'autoroute.

J'appelle donc mon fils:

- Fafouin, t'aurais pas pris ma voiture hier par hasard?

Insulté, mon fils me répond:

-Bin voyons donc maman, c'était une folie d'adolescence, je ne ferais jamais ça là!!!

En fermant la ligne, j'avais un tit brin de larmes au coins des yeux. Ma Toyota 2002 que j'aime tant...

Convaincue que des jeunes l'avaient empruntée pour un petit trip et ensuite déposée sur une rue voisine, je suis sortie pour aller vérifier les alentours. Rien en vue. Puis, je vois une voiture patrouille me passer sous le nez. C'est à ce moment que me mets à courir vers eux comme une déchaînée en gesticulant haut et fort.

La voiture de police s'arrête dans le petit stationnement du centre d'achat derrière chez moi.

-Bonjour Madame.

-Bonjour. C'est que je me suis fait voler ma voiture...

Ils prennent les renseignements, regardent sur leur écran.

- Non, on ne voit rien. Quel est votre numéro de plaque Madame?

C'est là que ça se gâche...

En rentrant le numéro de plaque, il y eut comme un grand grand silence. Ils se sont regardés et...


-Madame, c'est que votre voiture est derrière la nôtre. On voit la plaque dans notre rétroviseur.

 Je pense que je me serais fondue instantanément dans l'asphalte...  Tout me revient. La veille, je me me suis arrêtée à la crémerie avec ma voiture, ce que je ne fais jamais car je demeure derrière. Ensuite j'ai laissé ma voiture là avec les 2 fenêtres toutes grandes ouvertes. De plus, mon siège arrière était rempli de stock! Wow... Et je ne me suis rien fait voler... 

- Je m'excuse, ça me revient là... Je pense que c'est la journée où j'ai eu l'air la plus folle.

-Inquiétez-vous pas Madame, on va garder ça pour nous...

___________

Ce soir, en revenant de faire mes courses, j'ouvre la porte de ma voiture et m'installe bien confortablement , ceinture et tout et je mets la clé... Bizarre, ça sent pas ma voiture là et en plus, les bancs... J'ai pas des bancs gris avec des petits points dedans moi-là, ni un chargeur de cell... Merde, c'est pas ma voiture!

Oups, "envoueille" on décolle de d'là au plus sacrant!

Bin quoi, elle était débarrée cette voiture...


mardi 12 juillet 2016

Fafouin...

C'est que ça n'arrive vraiment pas dans un bon moment. Faut que je fasse de quoi là, immédiatement, drette là!

Messagerie Facebook, Fafouin me réclame... 

ANALYSE RAPIDE, APPROCHE RAPIDE POUR UN FILS DEVENU UN HOMME,

Exécution!


-Salut maman. Est-ce que je peux venir à la maison? Ça va vraiment pas...

-Ça ne pourra pas être avant 17 hres Fafouin. Qu'est-ce qu'il y a?

-Je me suis chicané...

-Et?

-Elle m'accuse de quelque chose que j'ai pas fait...

-Ah bon, et quoi au juste?

Silence totale....


-Bon. Je ne sais pas c'est quoi mais, peu importe la situation: Es-tu capable de te mettre dans sa peau et de saisir pourquoi elle t'accuse injustement? Et ensuite, de pouvoir comprendre et de lui renvoyer en mots ce qu'elle ressent pour lui signifier que tu comprends ce qu'elle vit en dedans d'elle?

Long silence et réflexion (sans doute, je l'espère...), puis plus rien.

Entre-temps, je suis allée souper avec ma soeur chez maman. Superbe soirée.  Je ne me suis pas occupée du 17 hres, j'avais confiance.


Au retour chez moi, pas de catastrophe, pas de drame, hourra...

Messagerie facebook...

-Alors finalement, tu as pu te débrouiller et régler ton problème?


-Oui

-Super...


Fin de la discussion.

samedi 9 juillet 2016

La force de maman

Au lendemain de la coloscopie, mon frère est venu chercher ma maman pour prendre la relève et la ramener chez elle. Et le lendemain, elle m'appelle:

-Nanou, je sens que vous me cachez quelque chose...

-Quoi donc?

-Et bien, je sens qu'i y a quelque chose qui se passe. Votre attitude, et aussi, j'ai une drôle de sensation...

-Peux-tu m'expliquer maman?

- Et bien c'est comme dans un rêve...

Alors, j'y suis allée très très doucement:

-Tu te rappelles que tu as passé des examens à l'hôpital?

- Oui mais c'est flou...

- Le médecin est venu nous voir et t'a d'abord dit que tu faisais de l'anémie et c'est pour cette raison que tu as passé cet examen.

-Ah, ok, je me rappelle de la suite maintenant mais je pensais que j'avais rêvé.

-De quoi te rappelles-tu maman?

-Et bien, je pense que j'ai une tumeur...

-Oui...

- C'est un cancer je crois...

-Oui...

Te rappelles-tu du traitement et ce qu'il en pensait le médecin?

-Non.

- Et bien, il faudrait de la chimio, une opération, un sac, ensuite de la chimio et enlever le sac.

-Hum...

- Tu veux ce traitement maman?

-Oh non!!! Écoute, j'ai 85 ans et puis, faut bien que je meurs de quelque chose un jour! Non non non! Je vais continuer ma vie et rester positive, ça finit là.

- Je trouve que c'est une excellente décision et c'est ce que je t'ai aussi dit à l'hôpital. Et puis, tous les trois, on sera là pour toi. Sois rassurée, tout va très bien aller. Veux-tu que j'aille te tenir compagnie là maintenant?

-Non non. Je me sens simplement soulagée et je vais très bien dormir...

_____________

Je suis allée chercher son médicament d'exception pour sa mémoire, à la pharmacie:

Mylan Galantamine. Ce médicament est utilisé pour le traitement de l'Alzheimer et stoppe la progression de la maladie. Il  produit son plein effet après quelques semaines.

Dans quelques semaines... Puis, je me retrouve dans une grande bulle. Elle est là depuis le début  du diagnostique, la bulle intérieure, elle est faite de silence, d'inconnu et d'une bien étrange insécurité que je n'avais jamais ressentie auparavant. Sera-t-elle encore là ma maman dans quelques semaines? Puis, l'image d'un sapin de Noël me passe rapidement en tête. Je craque. Dans mon coeur ça n'allait pas là...

Je sais  bien qu'il y aura 
Un pendant et un après, 
Une vie avec 
Et une vie sans toi maman.

____________

-Tiens maman ton médicament. Il faut le prendre en mangeant, le matin.

Elle est bien chez elle,  songeuse, elle regarde ses chats. Je la sens insécure...

-T'inquiète pas maman. Tu sais que tes chats seront en sécurité avec Jimmy si ça ne va pas bien. Et puis, si tu es trop faible pour rester chez toi, bien, c'est simple, tu t'en viens chez moi. Tout va bien aller, on va s'arranger tous ensembles pour toi.

____________

Lundi passé, ma soeur et moi sommes allées au CLSC. L'enfer du système actuel... Ça fait 1 mois que le médecin a fait la demande pour une évaluation et des soins. Il fallait qu'ils m'appellent, moi, et ils ont appelé maman qui ne se rappelle plus de rien.

-C'est qu'on a des cas très très urgents...

-C'est que le cas de ma mère est très urgent aussi. Elle vient d'avoir un diagnostique de cancer. Elle est en phase terminale, elle est encore chez elle et ensuite, on veut s'en occuper. On a besoin de soutien pour tout ça...

- Je vais demander à l'infirmière de vous rappeler aussitôt que possible.

En sortant, ma soeur qui travaille comme préposée aux soins palliatifs me dit:

- Si tu vois qu'ils ne t'ont pas rappelé aujourd'hui, rappelle demain matin, et le surlendemain, tant qu'ils ne te donnent pas un rendez-vous. Demeure gentille mais ferme.


______________

Mon premier appel a tellement porté fruit qu'un infirmier m'a contacté. Bingo. Le processus CLSC est enclenché. On a dans un premier temps un long rendez-vous téléphonique  lui et moi lundi prochain.

Entre-temps, après avoir versé toutes les larmes de mon corps pendant 2 jours, me revoilà debout, en forme, fraîche et dispose. Je ne demeure jamais bien longtemps à l'état de larve. Et puis, mes grands amis sont tellement présents pour moi, je leur en suis vraiment reconnaissante.

Mon attitude intérieure a basculé pour le mieux. Aller hop! Me voilà en train de préparer pour maman des mixtures de sorcière, anti-cancer. D'abord, miel bio et gingembre frais râpé. 2 à 3 cuil. à table par jour. Aussi, légumes et jus de légumes frais, le plus souvent possible. Bannir le sucre, tous les produits laitiers et remplacer par le soya. Continuer à manger noix, graines, tofu, fruits frais. Ce qu'il faut c'est cesser de nourrir les cellules cancéreuses. Et bien quoi, si on n'essaie pas, on ne saura jamais! Et ça me donne en même temps une petite idée de comment je me comporterais moi-même si j'avais cette merde à l'intérieur de moi. Ne pas nourrir l'ennemi, voilà!


______________

Ma soeur,

je me doutais bien qu'elle allait me sortir ça à un moment...

- Tu sais Nanou, j'en ai parlé à mes collègues à l'hôpital et il semblerait que ce soit très très difficile à vivre et...

-Et quoi? C'est déjà tout réfléchi, et je ne reviendrai pas sur ma décision. Si maman est top faible pour demeurer chez elle, je la prendrai chez moi,  point final, c'est tout. Chatou, toutes les décision de ma vie je les ai toujours prises en plongeant dans l'inconnu, avec mon coeur, et je n'ai jamais rien regretté. Je ne vois pas pourquoi ça changerait aujourd'hui. J'accepte l'inconnu, un jour à la fois et je sais que j'aurai  tout le support nécessaire autour de moi  lorsque le moment viendra.


C'est ça qui est ça. Pour le moment, il n'y a rien de grave là, on s'entend, pourquoi s'énerver. Au pire, maman est frustrée de s'être fait lessiver par moi au scrabble. Ça fait 40 ans qu'on joue ensembles et on continue. La vie est belle! On s'inquiétera à un autre moment...







vendredi 1 juillet 2016

Ma petite maman d'amour

Je suis devenue la maman de ma maman.

Elle souffre de Parkinson, tremble beaucoup, a de grandes pertes d'équilibre, dort beaucoup, s'essouffle à rien et sa capacité cognitive à court terme a chuté de façon fulgurante depuis 3 mois. 

Je ne la laisse plus partir seule. Il y a deux semaines, au moment où je barrais ma porte extérieure pour aller la reconduire, elle s'est écroulée à côté de moi. J'ai tout juste eu le temps de rattraper sa tête pour éviter qu'elle ne s'assomme sur le ciment. Depuis décembre dernier, elle fait de l'anémie et son médecin lui avait donné un papier pour rendez-vous avec un gastro-entérologue. Elle a oublié de le prendre. Et moi, je ne savais pas. C'est en l'accompagnant chez son médecin il y a 3 semaines, que cette dernière s'est rendue compte qu'elle n'y était pas allée et s'est vite empressée de la faire voir par un spécialiste.

Je l'ai préparée et accompagnée pour une coloscopie. Avant-hier, le diagnostique est tombé comme une douche glacée. Cancer colorectal. Tumeur maligne. Le spécialiste n'a pu complété l'examen, l'espace étant trop restreint. La seule avenue possible; chimio, opération et chimio ce qui serait inhumain de faire subir ça à ma mère étant donné son état actuel et son âge. Sous le choc, maman est demeurée sidérée, profondément peinée et recroquevillée dans sa bulle. Je l'ai prise dans mes bras et l'ai rassurée, que tout allait bien se passer, qu'on serait là pour elle.

Puis, je suis allée voir le médecin en tête-à-tête:

- Combien de temps il lui reste à vivre? S.v.p. dites-moi, j'ai besoin de savoir.

-C'est difficile à dire...

-Vous avez une petite idée quand-même en voyant la tumeur, dites-moi s.v.p.?

-Et bien, d'après ce que je vois et par expérience, s'il n'y a pas de métastases, tout au plus un an. S'il y a des métastases, je vous dirais tout au plus 3 mois à vivre. Vous savez, si vous avez des questions, surtout n'hésitez pas à me contacter, je suis là pour ça.

Je l'ai chaleureusement remercié. Et dire qu'en mars dernier j'avais senti cette odeur si caractéristique de la mort en m'approchant d'elle. J'étais troublée et me suis demandée pourquoi cette odeur m'arrivait sous le nez aussi subitement. Elle était pourtant en pleine forme à ce moment-là. 

Je l'ai gardé 2 jours chez moi, il fallait qu'elle soit surveillée à cause des analgésiques qu'on lui avait administrés. Elle s'est installée dans le fauteuil, pleurant à chaudes larmes:

 "Mes petits chats, qu'est-ce qu'ils vont devenir..."

Elle voulait repartir chez elle. Elle ne comprenait pas pourquoi elle devait demeurer ici.
À un moment, elle s'est levée et m'a dit: 

"Je m'en retourne chez moi à pieds!!!! Arrête de faire ton petit bosse et de vouloir me contrôler!!!"

C'est tellement pas ma mère ça... J'ai contacté mon frère qui a tenté aussi de la raisonner. Elle lui a répété la même chose en lui raccrochant la ligne au nez. J'ai pu finalement lui faire accepter de se reposer dans mon lit.

Après sa longue sieste, elle était de si bonne humeur et ne se rappelait plus de rien, ni de l'examen, ni du diagnostique de cancer. Elle se demandait ce qu'elle faisait dans ma chambre. Nous ne lui en reparlerons pas, à moins qu'elle ne nous en parle...

Lorsque j'eus terminé de donner mes cours, maman dansait dans le salon au son d'une valse avec ma petite chienne Adèle dans ses bras. Je photographiais cette image sublime dans ma tête et souriais. Elle était tellement belle ma petite mimi d'amour. J'aurais voulu qu'elle danse comme ça pour le reste de sa vie, sans souffrance, sans cancer. Elle était si heureuse...

Plus tard, elle est allée s'étendre de nouveau dans mon lit, se couvrant avec le haut de mon pyjama. Je me suis empressée de lui offrir une couverture qu'elle a refusée en me murmurant de sa voix si douce les plus beaux mots d'amour de la terre:  "Non Nanou, je veux garder ton pyjama sur moi, parce que ça sent toi."

Devoir accepter l'inacceptable. Perdre ses plus solides repères. Ma petite maman d'amour va mourir bientôt. C'est ça la réalité. Je me sens dans un état second en même temps que remplie d'une surdose de capacité d'amour au dedans de moi juste pour elle.

J'ai annulé mon séjour aux Éboulements. Je me sens incapable d'y être, loin d'elle. Et je suis tellement heureuse chez moi avec toutes ces fleurs, ces arbres que j'ai plantés et le potager que j'ai fait dans ma cours arrière. 

Ma soeur, mon frère et moi formeront la meilleure équipe du monde.

Ma place est auprès de celle qui nous a tant aimés et donnés...

dimanche 5 juin 2016

Rencontre


À peine eut-il 
Prononcé son prénom
Qu'elle se retourna 
Et le vit avancer au loin 

Le pas léger et sautillant 
De la petite gazelle frêle 
Ou l'enfant qui part 
À la découverte de la vie. 
Il avait ce bonheur
Limpide et vierge
En son coeur, 
Une âme à la découverte 
Du meilleur de tout 
Un petit poisson dans l'eau 
Tout frétillant 

Elle souriait 
Son coeur de femme
Se sentait émue 
D'avoir le privilège 
De sentir si profondément 
Son âme. 
Mais quelle pureté
Douceur
Quelle bonté...

Un film se déroulait au dedans
Synchronisé avec l'extérieur
Spectatrice de cette séquence de vie
S'assurer de n'y rien perdre
En sa mémoire

Se sentir si bien
En totale harmonie
Et savourer, simplement
La beauté de l'image...

Révélation inattendue
À la fois mystérieuse
Et troublante
Fixée 
Dans un espace-temps
Tout autre

La connaissance là
Comme un présent du coeur

Ne rien désirer de plus
Qu'écouter le silence
De cet instant
Et dire merci
Au dedans de soi
Tout discrètement






vendredi 20 mai 2016

Vent du matin

Le petit vent
À peine perceptible
En son début
Elle, elle sort de nul part
Revenant d'un songe
Dans la nuit achevée
Le matin, le matin là

La nuit parlait
Et cherchait en sa voix
La manière de dire
Exprimer comment
Elle se sentait
Au réveil
Ah...

Ouvrir un peu les yeux
Réveillée
Par le filet de vent
Un filet
Qui vient lui dire
Je t'aime

Regarder le voile flotter
En vagues fluides
Elle sent,
Referme les yeux
Et laisse entrer
Vie de vent
Dans son corps
De matin

Le petit vent

N'est-ce pas
Tout à fait...

Elle enfouit généreusement
Une de ses mains
Dans sa chevelure
Posée pêle-mêle
Devant son oreiller
Va et vient la main,
Lentement

Rien n'est aussi heureux
Que le réveil
Pure jouissance

De dans sa main
Sa chevelure devient satin

L'autre main se réjouit
Des caresses lentes
Dans le drap frais
Ne laissant
Aucun endroit
Non exploré
Le drap tout entier
Devient chaud

Bifurquer
Vers ces lieux
Où seules
Les mains habiles
Savent
Mieux que quiconque
Voyager de bonheur






dimanche 15 mai 2016

Histoire tendre


Renaître
L'amour tendre
Si inattendue
Si doux, si doux

Puis, l'histoire se casse
Se fracassant brutalement
En milliers de miettes
Fragilisée sans doute
Par trop d'histoires déçues

Et n'y pouvoir
Tellement rien

Et si tous et chacun
Simplement osaient
Sans pudeur, sans crainte
Orgueil giflé
La raconter,
Son histoire...
Tout peut se parler
Si naturellement
En rires d'éclat
Ou trémolos à la gorge

Ne sommes-nous pas
À cet âge heureux
Où l'humilité se pointe
Et tous les dires sont permis
Sans inquiétudes, sans jugement
En murmures tout fragiles
Un nuit d'abandon total à l'autre
En  parfaite confiance

Le coeur en déroute
Que de douceurs
De délicatesses
Figées sur la rive
À tout jamais

J'embrasse les eaux
Et au dedans,
Le soleil
Qui les fait briller


jeudi 12 mai 2016

La maison qu'elle habite

La maison qu'elle habite
N'est plus celle de son enfance
Où rires et jeux
Se fondaient si bien
Dans le merveilleux

Ni celle où la maladie
A frappé brutalement son père
La forçant à vieillir plus vite

Elle n'est plus 
Celle de son adolescence
Sabots aux pieds
Et jupes folles

Ni le début de l'âge adulte
Vécu pleinement
Entièrement
Mêlé de drogue
D'amour en liberté
Et d'insouciance

Ni celle de ses années universitaires
En bonheur brut
Passionnée de musique
Avec ses semblables

Ni de ses 26 années
Où elle a expérimenté
La vie à deux

Cette maison n'est plus celle
Où elle a élevé son fils en solo
Puis, avec son conjoint
De l'époque

Ni celle des fugues
Et du Centre Jeunesse
Où elle a dû
Plus d'une fois
Laissé ses émotions de côté
Pour rester debout
Et tenir le coup
Par amour pour Fafouin

La maison qu'elle habite
Est celle de la femme
Qu'elle est devenue
Entière, forte, 
Passionnée, déterminée
Et fragile à la fois
Candide, fidèle
Sans jeux, sans filtres
Enjouée, vivante
Amoureuse de la vie
Femme-enfant
Et par moments
Clown et tragique
Musicienne, artiste
Au fond de son l'âme

Mais surtout,
Femme, femme
Comme jamais
Elle ne s'est sentie

Et n'a nul envie
D'être autre chose
Qu'elle-même

Cette maison, 
Elle l'habille à son goût
La maquille et l'embellit
Tranquillement
De jours en jours
De mieux en mieux
S'appropriant chaque recoin
Avec amour
Elle y prend sa place
Elle y prend
Toute la place


samedi 7 mai 2016

Lilas de mai

La vie, sans effort,
Sans eau trouble
À l'état pur

Parce que les lilas
S'affirment là
Et que le germe compact
De leurs bourgeons
Contient  en lui-même
Toute la vie,
Dense, immense

Ses yeux voient
Et se délectent
De ces jours en beauté
Le bourgeon
Ne demandait qu'à éclater
Comme elle

Et voilà enfin
De toute petites ailes,
En minuscules papillons
Des milliers de  petits papillons
Partout partout
Tout jeunes
D'un vert tendre

Bon sens que c'est beau...



samedi 16 avril 2016

Écouter le soir



Le soir la guide 
Sans jamais l'oublier 
Ni la troubler
En fidélité pour elle 
Merci Ô soir

Se fondre entièrement 
Avec la noirceur 
Afin de retrouver son soleil
Elle n'attend personne
Et personne ne l'attend
Elle est, simplement

Entendre le froissement 
Des pages qui se tournent
Zieutant de temps à autre 
La lueur vacillante des bougies
Elle se  retrouve
Ainsi que tous ses espoirs,
Ses rêves et son fol envie 
De vivre

..........

Corps d'amours inachevés
Et nuit qui se meurt
En soleil levant,
Le temps nécessaire
Pour concevoir
Et créer la vie
Comment
Cela pourrait-il
Ne plus être ainsi

Respire d'homme
Tout près
Oui, encore, encore
Le faire dévier
Vers ma bouche
T'es si beau là
Agrippe-toi
Doucement
J'y mêlerai le mien
Mon respire
Le garnirai
De frémissements
Et dans sa montée,
De mon cri 
De femme

samedi 9 avril 2016

L'expression de l'amour

Il n'existe pas
De plus authentique amour
Que celui qui se sent et se vit
Avec respect, humilité, compassion
Dans la plus sincère des tendresses

Nul besoin de dire
De parler
Lorsque les mains, les yeux,
La bouche, deviennent
L'expression pure
De tout le meilleur de soi
Et là, le silence se fait amour

Il ne s'explique pas
Ni se commente
Il se vit
Simplement
Dans l'instant, là
Comme
Un moment d'éternité
Et de grâce

De cette forme d'amour
Demeure un souvenir
Tout à fait intarissable
Et inaltérable
Bien conservé
Dans une case à part

Elle veut à présent
Exprimer simplement
La plus grande des gratitudes
Envers celui
Qui s'est pointé là
Au hasard de sa vie
Et qui lui a tant appris
Merci, merci tant...


mardi 8 mars 2016

Une sorcière comme les autres

En ce 8 mars 2016

J'ai toujours adoré ce texte d'Anne Sylvestre et bien qu'il date de ma jeunesse, il m'atteint toujours profondément. 

Pauline Julien en avait fait une si touchante version toute en voix et en émotion.

La voici.


Une sorcière comme les autres 

S'il vous plaît
Soyez comme le duvet
Soyez comme la plume d'oie
Des oreillers d'autrefois
J'aimerais
Ne pas être portefaix
S'il vous plaît
Faites vous léger
Moi je ne peux plus bouger

Je vous ai porté vivant
Je vous ai porté enfant
Dieu comme vous étiez lourd
Pesant votre poids d'amour
Je vous ai porté encore
A l'heure de votre mort
Je vous ai porté des fleurs
Je vous ai morcelé mon coeur

Quand vous jouiez à la guerre
Moi je gardais la maison
J'ai usé de mes prières
Les barreaux de vos prisons
Quand vous mourriez sous les bombes
Je vous cherchais en hurlant
Me voilà comme une tombe
Avec tout le malheur dedans

Ce n'est que moi, c'est elle ou moi
Celle qui parle ou qui se tait
Celle qui pleure ou qui est gaie
C'est Jeanne d'Arc ou bien Margot
Fille de vague ou de ruisseau

Et c'est mon coeur ou bien le leur
Et c'est la soeur ou l'inconnue
Celle qui n'est jamais venue
Celle qui est venue trop tard
Fille de rêve ou de hasard

Et c'est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

Il vous faut
Etre comme le ruisseau
Comme l'eau claire de l'étang
Qui reflète et qui attend
S'il vous plaît
Regardez-moi je suis vraie
Je vous prie
Ne m'inventez pas
Vous l'avez tant fait déjà
Vous m'avez aimée servante
M'avez voulue ignorante
Forte vous me combattiez
Faible vous me méprisiez
Vous m'avez aimée putain
Et couverte de satin
Vous m'avez faite statue
Et toujours je me suis tue

Quand j'étais vieille et trop laide
Vous me jetiez au rebut
Vous me refusiez votre aide
Quand je ne vous servais plus
Quand j'étais belle et soumise
Vous m'adoriez à genoux
Me voilà comme une église
Toute la honte dessous

Ce n'est que moi, c'est elle ou moi
Celle qui aime ou n'aime pas
Celle qui règne ou qui se bat
C'est Joséphine ou la Dupont
Fille de nacre ou de coton

Et c'est mon coeur ou bien le leur
Celle qui attend sur le port
Celle des monuments aux morts
Celle qui danse et qui en meurt
Fille bitume ou fille fleur

Et c'est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

S'il vous plaît
Soyez comme je vous ai
Vous ai rêvé depuis longtemps
Libre et fort comme le vent
S'il vous plaît
Libre aussi
Regardez je suis ainsi
Apprenez-moi n'ayez pas peur
Pour moi je vous sais par coeur

J'étais celle qui attend
Mais je peux marcher devant
J'étais la bûche et le feu
L'incendie aussi je peux
J'étais la déesse mère
Mais je n'étais que poussière
J'étais le sol sous vos pas
Et je ne le savais pas

Mais un jour la terre s'ouvre
Et le volcan n'en peux plus
Le sol se rompt
On découvre des richesses inconnues
La mer à son tour divague
De violence inemployée
Me voilà comme une vague
Vous ne serez pas noyés

Ce n'est que moi c'est elle ou moi
Et c'est l'ancêtre ou c'est l'enfant
Celle qui cède ou se défend
C'est Gabrielle ou bien Eva
Fille d'amour ou de combat

Et c'est mon coeur ou bien le leur
Celle qui est dans son printemps
Celle que personne n'attend
Et c'est la moche ou c'est la belle
Fille de brume ou de plein ciel

Et c'est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

S'il vous plaît
Faites vous léger

Moi je ne peux plus bouger